Le phénomène des Sunday Boys : un nouveau poison émotionnel sur les applis de rencontre
- Géraldyne Prévot Gigant
- 29 sept.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 oct.

Un sondage récent révèle que 79 % des jeunes désertent les applis de rencontre. En cause ? Une multitude de comportements toxiques — et parmi eux, un nouveau venu : le syndrome des "Sunday Boys".
Alors qu’on pensait déjà avoir tout vu avec le ghosting, voici les serial likers du dimanche soir, aussi séduisants qu’insaisissables.
Grâce à Internet, la modernité nous offre sur un plateau une multitude de personnes correspondant à nos orientations sexuelles et à nos désirs. Loin d'être le paradis, ces lieux de rencontre sont surtout des endroits d'incivilités relationnelles allant du cynisme au harcèlement. On y trouve une collection de comportements toxiques et violents accentués suivant le profil psychologique de l'agresseur. De plus, les personnes plutôt affectives peuvent facilement se retrouver prises au piège, comme la souris torturée par le chat. Elles seront l'objet manipulé, utilisé, et en sortiront exsangues et traumatisées. Notre modernité a des effets secondaires extrêmement nocifs qu'il faut dénoncer pour éviter plus de dégâts (1).
La cybercriminalité de l'amour
J'appelle ces comportements "la cybercriminalité de l'amour" parce que bien souvent les victimes souffrent d'un certain nombre de situations dont la récurrence vient grignoter peu à peu leur estime. Les techniques de manipulation sont fréquentes de nos jours, facilitées par les objets technologiques permettant de contrôler davantage nos interactions et nos relations. Ces mauvais traitements ont lieu ainsi que le non-traitement tout court, comme avec le syndrome des Sunday Boys. Ils peuvent signifier qu'ils ont lu notre message — sur WhatsApp avec les deux petites coches bleues qui apparaissent — et laisser passer plusieurs heures avant de répondre, mettant la personne en attente et en dépendance, pour finalement ne jamais répondre. Ils peuvent aussi bien voir apparaître le contenu du message dans une fenêtre pop-up de leur smartphone et ne pas l'ouvrir, signifiant à leur correspondant qu'ils n'ont ni ouvert ni lu le message et qu'ainsi il n'est pas important pour eux. Nos outils de communication sont particulièrement cruels et porteurs de malaise, dont on a parfois du mal à se remettre.
Qui sont vraiment les Sunday Boys ?
Ce sont ces profils — souvent masculins — qui apparaissent le dimanche soir sur les applis, quand le spleen du week-end se fait sentir. Ils entament des conversations longues, enthousiastes, pleines de promesses : un verre à prendre, des affinités étonnantes, un humour commun. Ils nous font rêver. Mais une fois le lundi arrivé, disparition totale. Silence radio. Aucun signe de vie. Le "match parfait" du dimanche devient un fantôme numérique dès le début de la semaine. Une étude récente de Forbes a révélé que 76 % des personnes interrogées ont déjà ghosté.
Un phénomène loin d’être anodin
On pourrait croire à une simple anecdote, pourtant une étude récente de Forbes a révélé que 76 % des personnes interrogées ont déjà ghosté et les conséquences émotionnelles sont bien réelles. Ces échanges, bien qu'éphémères et digitaux, créent une attente, un espoir qui se transforme en frustration, doute, voire blessure narcissique. Les personnes touchées s’interrogent : "Qu’ai-je dit de travers ? Pourquoi a-t-il/elle disparu ?"
Ce comportement peut réactiver des blessures passées (ghosting, abandon, rejet) et entamer l’estime de soi, générant colère, tristesse et confusion.
Pourquoi ça fait si mal ?
Ce qui se passe dans le digital n’est pas moins réel que ce qui se passe dans “la vraie vie”. L’expression "in real life" sous-entend que les rencontres en ligne ne compteraient pas. Pourtant, les émotions générées sont authentiques.
Chaque conversation, chaque échange virtuel, active le système émotionnel et affectif. Le cerveau ne fait pas la différence entre une interaction physique et une interaction émotionnellement intense, même à distance.
Si vous avez été victime d’un Sunday Boy, ne vous remettez pas en question. Ce comportement en dit plus sur l'autre que sur vous : ses peurs de l’engagement, son immaturité émotionnelle ou son insécurité affective.
"Ce comportement a à voir avec l’autre : ses peurs inconscientes ou conscientes. Pas avec vous."
Ayez du discernement
Il peut être bon d’essayer de relativiser, en prenant conscience que l’autre a des freins et que vous n'êtes pas aligné en termes d'intentions dans la rencontre amoureuse.
Pour repérer les « Sunday Boys » ou les « Sunday Girls », soyez vigilant sur les applications avant et pendant le week-end. Et puis, ne doutez plus de vous, préférez développer votre discernement.
(1) « Les femmes et l’amour » (Éditions Leduc)
Géraldyne Prévot Gigant, psychopraticienne et autrice.
Aller plus loin...
Et si on en parlait ensemble ?
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Et également un article sur MadameLeFigaro - Qui sont les «Sunday boys», le pire cauchemar des célibataires sur les applis de rencontre ? Par Louise Ginies
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