Quand l'auto-maltraitance émotionnelle s'invite dans la relation d'aide.
- Géraldyne Prévot Gigant

- 22 juil.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours

« Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve »
Serge Gainsbourg
Et si le plus grand obstacle à votre mieux-être , c’était votre auto-maltraitance émotionnelle ?
En relation d'aide, un nombre croissant de patients adopte un comportement paradoxal : ils prétendent vouloir aller mieux, mais sabotent inconsciemment leur propre processus de mieux-être. Cette auto-maltraitance émotionnelle, souvent invisible, peut faire dérailler même les thérapies les plus prometteuses. Voici comment elle se manifeste, pourquoi elle s’installe et comment en sortir.
Quand l'auto-maltraitance émotionnelle s'invite dans la relation d'aide.
Je constate fréquemment que certains patients – je les appelle ainsi car je les accompagne avec patience sur ce chemin – pratiquent l’auto-sabotage sans en avoir conscience. Ils se persuadent qu’ils vont mieux, mais restent convaincus que « être vraiment bien » leur est impossible. À leur insu, ils se privent durablement des clés d’une vie quotidienne fluide et harmonieuse.
Le manque d’estime de soi, obstacle au lien
Le patient qui manque d’estime de soi doute de mériter l’accompagnement de son praticien et questionne la sincérité de son engagement. Il a tant fait de mauvais choix et tant été déçu, parfois trahi, qu’il préfère contrôler ses relations pour se protéger. Or, appliquer ce mécanisme revient à se priver de toute bonne surprise lors des séances : cela freine le processus et empêche la « magie » d’opérer. En conséquence, le patient adopte divers comportements qui l’éloignent de l’équilibre intérieur que suscite naturellement la connaissance de soi.
Le piège du “tourisme psychothérapeutique”
Face à la multitude de méthodes et de discours en développement personnel, certains se livrent à ce que j’appelle le « tourisme psychothérapeutique », multipliant les praticiens. Apparue pour rassurer, cette stratégie s’avère contre-productive : plus les intervenants sont nombreux, plus l’individu se sent perdu avec une sur-charge d'informations parfois contradictoires. Privé d’un engagement véritable et de clarté, le patient n’entre pas en relation authentique, et l’effet bénéfique des séances est neutralisé. J’ai souvent constaté que l’entrée dans le processus peut faire peur ( ce qui est compréhensible ) : ces patients demandent de l’aide, tandis qu’une partie d’eux refuse d’être accompagnée. Cette ambivalence, typique d'un conflit intérieur, se ressent rapidement en séance et il faut choisir le bon moment pour l’évoquer ; à défaut, on risque de provoquer l’effet inverse.
Parfois le bon moment ne vient pas parce que le patient n’est pas vraiment près. Il n’est pas pressé d’aller mieux et surtout il n’est pas prêt à laisser entrer son praticien dans la danse. Il veut juste qu’il mette de la musique mais pas danser.
Une danse solitaire qui exclut l'autre
Et s'il se décide à danser avec ses contradictions, sans qu'elles aient été évoquées, il risque de devenir comme un derviche-tourneur sans conscience qui tourne sur lui-même se donnant l’illusion que quelque chose se passe, ivre de son mouvement auto-centré. Mais quand il s'arrête, il se rend compte que tout en lui, et autour de lui, est à l'identique et qu'il a dansé seul avec son contrôle.
Exclus de cette danse, le praticien peut se sentir utilisé, réifié et entrainant un sentiment de frustration car il ne peut pas vraiment exercer son approche. Il est triste que son patient ne lui permette pas de l’aider vraiment. Le pire sera quand il verra celui-ci quitter l'espace relationnel sans travail abouti disant que « finalement, ça n’a pas marché. »
Le praticien se retrouvera alors déçu de n’avoir pu faire son travail et le patient repartira comme il est venu. La partie de lui qui lui fait du mal, en revanche, sera grandement satisfaite car le mieux-être lui fait peur.
Le thérapeute, figure de réparation symbolique
Si le patient prend conscience de son auto-maltraitance, il lui faudra faire confiance, instaurer une régularité de séances et accepter un rythme cohérent pour se sentir véritablement accompagné. Il doit comprendre que recourir à un accompagnement n’ôte rien à sa valeur : c’est un acte de force, non de faiblesse. Nous sommes des êtres de relation ; c’est sur ce terreau du lien qu’émergent la prise de conscience de nos blocages, la guérison de nos traumatismes et un regard compatissant sur soi. Le praticien se fait alors parent symbolique – grand frère ou grande sœur bienveillante –, apportant l’humanité parfois absente dans l’histoire du patient.
Alors, l’espace devient un agent de mieux-être et de saine transformation. Le patient découvre qu’il a enfin fait le bon choix, celui de se faire du bien, et qu’il peut poser des actes d’auto-bientraitance.
Prendre le temps d’aller bien c’est se donner la possibilité d’aller-mieux pour toujours.
Vers une paix intérieure durable
Pour un patient en guerre contre lui-même, l’espace de relation d'aide devient un lieu de négociation en vue d’une paix intérieure. Même s’il tentera par tous les moyens d’échapper à ce lieu bénéfique, il doit se responsabiliser, évoquer son ambivalence avec son praticien et accepter le rythme proposé. Cette régularité entretient à la fois le lien et dynamise le travail inconscient : le temps est son allié ; il ne faut surtout pas le négliger.
Auto-bilan : « Mon auto-maltraitance émotionnelle s'invite-t-elle dans mon processus. »
Ce bilan est une invitation à l'observation de soi, à lire doucement, comme si vous parliez à votre meilleure amie intérieure. L'objectif est de mettre en lumière les mécanismes de l'auto-maltraitance émotionnelle pour mieux les transformer.
Pour chaque affirmation, notez-vous de 0 à 3 : 0 = Jamais · 1 = Parfois · 2 = Souvent · 3 = Très souvent
La minimisation : Je minimise mes difficultés en séance ou je dis « ça va » alors que ça tangue dedans.
L'évitement du cadre : Je manque des rendez-vous, j’arrive en retard ou j’espace beaucoup les séances.
Le tourisme thérapeutique : Je change souvent de méthode/praticien·ne et j’hésite à m’engager vraiment.
L'illégitimité : Je doute de « mériter » l’aide de mon/ma thérapeute ou de sa sincérité.
La distance intellectuelle : J’observe, j’analyse mais je reste à distance émotionnelle : je « mets la musique » sans accepter de danser.
Le contrôle : Je teste mon/ma thérapeute (contrôle, défiance) pour ne pas être déçu·e.
La stagnation : Je tourne beaucoup dans ma tête entre les séances, mais ma vie change peu concrètement.
La peur du mieux : J’ai peur d’aller vraiment mieux (comme si le mieux pouvait m’échapper ou me coûter).
La crainte du dévoilement : Je parle peu de ce qui me touche le plus par crainte de perdre la main.
Le fatalisme : Je repars parfois en me disant « de toute façon, la thérapie, ça ne marche pas pour moi ».
Interpréter votre score
0–8 : Cap bien orienté. Continuez sur cette voie, ancrez votre régularité et savourez la confiance qui s'installe.
9–18 : Zone de vigilance. Identifiez un point prioritaire parmi ceux notés "2" ou "3" et osez l'explorer lors de votre prochaine séance.
19–30 : Auto-sabotage probable. Proposez-vous un pacte de bienveillance : un cadre régulier, un·e thérapeute référent·e, des objectifs simples. Parlez-en ouvertement dès votre prochain rendez-vous.
Micro-pratique d'auto-bientraitance émotionnelle (1 minute)
Posez une main sur le cœur.
Inspirez par le nez sur 4 temps, expirez par la bouche sur 6 temps (répétez 5 fois).
Murmurez doucement : « Aujourd’hui, je m’autorise la bienveillance et la constance. »
Votre action concrète : Notez ici une action à réaliser avant la prochaine séance (ex: fixer l'horaire, lister un sujet tabou à aborder, écrire un ressenti précis) : __________________________________________________________
Pourquoi cette auto-maltraitance émotionnelle ?
L'auto-maltraitance émotionnelle s'invite souvent dans le processus sous forme de résistance. C'est un mécanisme de défense qui tente de vous protéger d'un changement perçu comme risqué. En maintenant le/la praticien/ne à distance, on évite le lien réparateur, pourtant essentiel aux mieux-être. Reconnaître ces freins est le premier pas vers une alliance thérapeutique authentique.
©Géraldyne Prévot Gigant, GPG Géraldyne Prévot Gigant
Tous droits réservés. Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, faite sans le consentement écrit préalable de Géraldyne Prévot Gigant est illicite.
Aller plus loin
Vous apprendrez dans la première partie de cet ouvrage à repérer votre mode d’autodestruction et son origine probable. Puis, dans une deuxième partie, la manière dont vous utilisez les relations pour continuer à vous faire du mal et valider vos pensées négatives. Enfin, vous découvrirez des clés pour vous en libérer : se pardonner, se consoler, s’estimer, guérir la blessure d’abandon et devenir son meilleur ami…
Emprunter ce chemin de guérison vous permettra ainsi de relever tous les défis du quotidien et de vous aimer pleinement.
Amazon : https://amzn.to/4m887Iq

STAGE D'ÉTÉ en ARDÈCHE HYPERSENSIBILITÉ & RELATIONS Stage présentiel en Ardèche du 26 Juillet au 1er Aout 2025
Un voyage vers la liberté relationnelle et l'art d'aimer authentiquement. INFO ET INSCRIPTION HYPERSENSIBILITÉ & ÉMOTIONS
Stage présentiel en Ardèche du 3 au 9 aout 2025 Un voyage vers la maîtrise émotionnelle et l’épanouissement de soi Informations et inscriptions : INFO ET INSCRIPTION




Commentaires